A Travers le Temps... (2000-2004)

A travers le temps

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Création originale de Murielle Béchame

 

Avec: Murielle Béchame


La trame

A la tombée de la nuit, grands et petits se réunissent sur la place pour écouter un chanteur, un conteur de passage. A Travers le Temps..., c’est un peu cela pour ceux qui y participent : un petit moment hors du temps… On écoute ces contes, ces chants, ces poèmes parlés dans les contes. On écoute le chant du sable qui nous invite au voyage…

Une jeune femme raconte ses peurs, ses courages pour elle, pour son petit. Elle appelle, se remémore, questionne…
Une vieille femme répond en invitant au voyage, à la traversée ? au prix à payer…
Les histoires, les chants se répondent, tissent des liens entre eux.
La trame est montée à travers ces histoires qui se font parole indirectes, parole de la mémoire questionnée, des réponses recherchées, nécessaires…
Alors elle se souvient de ces contes qui parle des peurs à vaincre, de ceux qui indiquent un cheminement nécessaire pour grandir et accepter les changements qu’imposent les différents temps de vie.


Note d’intention

Le travail proposé ici est basé sur la force de l’oralité, véhicule de sens, de mémoire et d’enracinement hors contexte géographique. C’est un travail sur «se souvenir» et sur la force structurante et la nécessité de ces images encrées dans la mémoire et qui font office de terre d’enracinement pour se tenir debout et recouvrer dignité entière, quand les évènements et les aléas de l’Histoire nous ont balloté ou maltraité ; pour ceux qui vivent un exil, quel qu’il soit. Comment accepter l’ici quand on vient de «là-bas» ou que les siens, son intérieur propre sont re-création de «là-bas» ? Comment dans tout cela, reconnaître et réaffirmer la culture qui est la sienne sans s’obliger à un refus de l’ici et maintenant et sans, non plus «coller» à l’ici et s’interdire «l’aller-profond» et «mamaïfiant» que se retour en soi peut permettre dans les moments où l’on pourrait perdre pied ? Cela est d’autant plus important que par expérience, nous savons que lorsque ces confrontations, qui pourraient être enrichissement, sont vécus dans le rejet elles entraînent des réactions de violences, que ce soit individuellement ou le fait d’un groupe, que ce soit de la part de ceux qui vivent exile ou immigration, ou de la part de membre de la société d’accueil.

Ce travail propose un temps de réconfort, pour celui qui vient d’un ailleurs aussi bien que pour «celui qui accueil». Pour un instant, ce dernier devient l’étranger : un étranger que l’on invite et que l’on reçoit. Tout ce dit à travers des chants et des contes, tout ce comprend à travers la mise en situation qui invite, à la lumière des bougies, à oser poser son regard sur soi : alors on se rend compte qu’il n’y a plus, étranger et pas étranger ; peut-être il y a un Homme, une Femme…

Murielle Béchame propose cette création, écrite à partir de contes, pour certains entendus en Afghanistan ainsi que des contes et des chants issus de son histoire et de ses cultures (dont l’Algérie). La plupart de ces histoires sont toujours vivantes dans l’oralité quotidienne. Certaines sont très connues, et on peut les retrouver dans des recueils de poètes et mystiques persans anciens. Et bien que les lettrés soient rares dans cette culture de tradition orale, elles sont aussi vivantes et connues par ceux qui ne savent pas lire. Retrouvant leur but premier, d’être dites et entendues et non pas lues, ces histoires ont été véhiculées oralement, à travers le temps…. Leurs objectifs et les sens dont elles sont porteuses touchent toujours autant et, profondément
elles peuvent travailler quelqu’un. A travers le temps… s’est structurée à partir d’un travail de mémoire. La structure existante reste un champ d’exploration et un chantier ouvert ou le public entre dans le décor, dans l’histoire.
Que dire de plus ? Si ce n’est qu’il n’a jamais été question de prendre des éléments de différentes cultures pour faire un patchwork pluri-culturel, mais que les éléments qui servent cette structure ont été tout simplement choisis parce qu’ils prenaient sens les uns par rapport aux autres, et pour celle qui propose ce travail.


La Musique

C’est la dimension qui ravive la mémoire pour accompagner la jeune femme tout au long de ce travail de «ressouvenir», pour chercher des repères qui permettent de se guider et de se «ré-encrer» dans du sens. C’est une rencontre entre Afrique et Moyen-Orient : apparaît le Maghreb. C’est un musicien originaire d’Afrique (Congo) Jean Baptiste Boussougou, formé aussi bien à la musique du Moyen-Orient (luth, bendir, ney), qu’aux instruments traditionnels africains ici musique de l’action, du corps vivant, du réagir, qui se croise avec celle orientale et persane de Dariush Zarbafian (Iran) qui dit la mélancolie, l’exil, la quête. Ces deux musiques se croisent, s’entrechoquent et se rencontrent pour mettre en sens non parlé cette fraternité qui peut réunir ceux qui sont en quête. Les accents du Maghreb apparaissent à la croisée de cette rencontre musicale entre Afrique et Moyen-Orient, qui accompagne ce chant de l’exil.


La Scénographie

Elle invite au voyage dans son univers de sable et de tente, de tapis et de métiers à tisser.
L’espace est délimité par un tour en tissus, qui s’ouvre pour laisser entrer les participants. L’installation et la conception des cadres à tisser, des tissages et métiers à tisser est proposé par Chloé Fourestier, qui mène au Maroc et depuis 2000 une étude ethnographique et esthétique, dans la région de Béni Mellal au Maroc, sur les techniques du tissages et la transmission par ces techniques de «fragments de mémoires : mémoire individuelle, celle de la tisseuse à travers l’objet qu’elle crée, mémoire collective, celle d’une identité locale, régionale, nationale.»  Cette recherche, menée dans le cadre d’une Maîtrise en Arts-Plastiques, je l’ai nommée «Le métier à métisser».
Il me semblait évident après plusieurs longs séjours à Tizy Nisly, petit village berbère situé dans les montagnes du Moyen-Atlas, où les femmes avec beaucoup de tendresse m’ont transmis leurs savoirs faire en m’intégrant dans leur univers, que chaque tapis que je pourrais faire, ne sera jamais un tapis marocain, mais un «mé- tissage, un mes-tissage». Ce «mé-tissage» est proposé, ici par la présence de tapis marocain et de fragments inachevés que je réalise. Cette installation pose l’intérieur d’une tente, lieu de vie de femmes, espace de liberté et de création par le tissage. Ici elle invite à un cheminement à travers les différents tissages, leur matière, le passage du fil à l’objet tissé. On découvre les deux faces, on joue sur l’écriture du fil et la transparence, la structure du tissage est apparente, les fils de chaînes verticaux visible et créant un intérieur extérieur à cette tente, un intérieur/extérieur : passé/présent .

«Chaque tapis bien composé propose au regard et à la pensée une ordonnance entre la matière, le coloris et la gamme des motifs. Aussi se met-il en scène, là où il est ; il chatoie, il accroche le regard sans insister. (…) Ce rythme dessiné est un jeu qui tresse notre pensée en nouant la matière à la couleur, et celle-ci à la ligne. Quand une tisseuse nous dit qu’elle est hantée par son tapis il faut la croire : entre elle et son tapis, n’y a-t-il pas un désir de plaisance magique.» (1)

(1): Abdelkebir Khatibi, «Du signe à l’image, le tapis marocain», Casablanca, Lak internationale, 1995.

Contact: Madame Murielle BECHAME, Directrice artistique
e-mail: arcat@wanadoo.fr
Atelier de recherche et de création dans les arts du théâtre (Arcat)
Péniche Vinkezor
Chemin des Sables
31540 - Ramonville (France)
Tél. : (+33) 01 64 99 36 91